La marche du Renard

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Taupezen
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Enregistré le : mer. 10 juin 2009 22:23

Bonsoir,

je vous livre un texte traduit d'un auteur anglais que j'ai trouvé dans des sujet traitant de Parkour...
http://anthropik.com/2007/06/learning-to-walk/

LA MARCHE DU RENARD

« Pas de haut, pas de chaussures, pas de service ». Il s’agit d’une pancarte assez répandue dans les vitrines de magasins et autres établissements. Pourtant, qui pourrait bien être aperçu sans chaussures ? Les chaussures sont essentielles à la vie civilisée, et elles apportent avec elles une façon de marcher distinctement civilisée : bloquer le genou, entamer une chute contrôlée sur le talon, faire rouler le pied vers l’avant pour recommencer ensuite un autre amorti talon avec genou bloqué. Il est difficile de marcher d’une autre façon lorsque l’on porte des chaussures, et il vous arrivera souvent de trouver cette façon de marcher décrite comme la manière dont marchent les humains. Mais bien entendu, les humains ne sont pas nés avec des chaussures aux pieds, ils n’ont pas non plus évolué avec ces dernières.
Chaque humain marche d’une manière différente et a besoin d’être méticuleusement entraîné pour marcher de cette façon.

Tom Brown junior le dit franchement : « Notre façon de marcher est dévastatrice, pas naturelle. Les bébés portent des chaussures comme des bottes de ciment. Nos pieds sont dévastés à la seconde où nous les mettons dans des chaussures ». En marchant pieds nus, la plupart d’entre nous adoptent une technique très différente : les genoux sont légèrement pliés, plutôt que bloqués, la plante du pied touche le sol en premier de façon à le tester avant même que du poids soit appliqué dessus. Ensuite, s’il n’y a pas de danger, le reste du pied entre en contact et le talon s’aplanit. C’est seulement à ce moment que l’on met son poids sur la jambe. C’est ce que Tom Brown et ses étudiants ont appelé « marche du renard ».

Cette manière de marcher peut être difficile pour ceux qui ont passé une grande partie de leur vie dans des chaussures. Elle utilise des muscles que notre « marche de vache » nous a laissé atrophier ; peut être plus remarquablement le gluteus maximus. Le muscle le plus large du corps humain est à peine utilisé par la marche civilisée, mais exercé à chaque pas par la marche du renard qui est similaire à « l’empty stepping » du tai chi. Vous pouvez aussi remarquer des similarités avec la « marche féline» des mannequins. Nous considérons toujours instinctivement cette façon de marcher comme « sexy ». Cette technique de marche réduit les contraintes sur votre corps et les dégâts sur la nature sur laquelle vous marchez.
Au-delà de l’emprunte écologique, elle réduit votre propre emprunte de pied. Les enfants qui apprennent à marcher de cette façon sont capables de marcher beaucoup plus longtemps.

Corns, bunyans et ongles de pied incarnés ne peuvent que se développer dans la sombre humidité des chaussures. Nous devons regarder où nous mettons les pieds et il nous arrive fréquemment de marcher sur des personnes ou alors des choses telles que des clous, des punaises ou même des roches pointues et coupantes. Nous trébuchons, nous tombons et avons des accidents parce que dès le premier mouvement de la « marche de vache » nous plaçons tout notre poids sur la jambe. La marche du renard nous permet de ne prendre appuie sur la jambe qu’à la fin, après que le pied ai touché le sol, et sait ce qui s’y trouve. Pour cette seule raison, la marche du renard élimine pratiquement les accidents, les trébuchements, les chutes et autres problèmes que nous rencontrons si souvent avec notre marche de vache.
De plus, la marche du renard développe un sens de l’équilibre que la marche de vache néglige. Evidemment, il y a d’autres problèmes de santé que les accidents associés avec celle-ci. Lors de chaque pas, avec notre marche de vache, nous plantons nos jambes dans le sol envoyant des chocs qui remontent des jambes jusqu’au dos. Des maux de dos ainsi que des douleurs aux pieds s’en suivent. La marche du renard aide à diminuer ces problèmes.

La marche du renard m’a affecté de plusieurs manières simples mais significatives. En marchant de cette façon, mon dos, qui était blessé, s’est détendu et a arrêté de me faire mal.
La sensation d’énergie qui s’écoule dans mes jambes est encore plus intense. Je sens que mes pieds prennent contact avec le sol d’une nouvelle manière beaucoup plus plaisante. L’énergie s’écoule littéralement de mes pieds jusque dans le sol. Cette nouvelle sensation de bien être apporte avec elle une prise de conscience aussi bien de mon corps que de mon environnement. Dans cet état de relaxation, je vis à l’instant présent. Sans penser au futur ou au passé, sans penser comme on a généralement l’habitude de penser à penser. La marche du renard est comme ce que les hommes d’église appellent « marcher avec grâce », où chaque pas est effectué avec reconnaissance, avec l’intense sensation d’être vivant, une compréhension profonde qui vient de votre organisme tout entier.

La différence entre la marche du renard et la marche habituelle est analogue à la différence entre deux hommes au travail. Le premier déteste son travail de 8 h à 17 h et redoute la pensée de devoir y retourner. Il quitte son travail épuisé et n’a eu aucun plaisir dans sa journée. Le deuxième homme adore son travail et ne veut pas le quitter après 20 h, il est dans l’ambiance et a plus d’énergie lorsqu’il sort du travail que lorsqu’il y est entré le matin.
Le fait « d’être dans l’ambiance » est pour ainsi dire ce qui peut expliquer comment les éclaireurs indiens faisaient pour marcher ou courir sur d’aussi longues distances en suivant la technique de la marche du renard non seulement sans être fatigués mais en étant au contraire très joyeux à la fin. Ce n’était pas le cas simplement parce qu’ils étaient en très bonne forme, c’était aussi parce qu’ils étaient énergétiquement « dans l’ambiance.»(L’aikido est un autre exemple de ce phénomène)

Il y a certainement beaucoup de récits de populations natives capables d’accomplir des exploits qui nous sembleraient presque surhumains avec notre marche de vache moderne.
En 1936, dans son livre Gospel of the Redman, Ernest Thompson Seton, qui a largement participé au développement du mouvement scout, a écrit :

« Le coureur le plus connu de la Grèce antique était Phéidippides, dont le record était une distance de 224 km entre Athènes et Sparte effectuée en 36 heures. Parmi les indiens d’Amérique, un tel exploit aurait été considéré comme banal. En 1882, à Fort Ellice, j’ai vu un jeune Cree qui, à pied, avait rapporté des nouvelles de Fort Qu’Appelle (200 km plus loin) en 25 heures. Ca n’a déclenché presque aucun commentaire. J’ai entendu peu de remarques de la part des commerçants à part « un bon garçon », « pas mal comme course ». C’était apparemment un exploit très habituel parmi les indiens. Les deux coureurs indiens Thomas Zafiro et Leonicio San Miguel ont courut 100 km de Pachuca à Mexico city en 9 heures et 36 minutes le 8 novembre 1918 d’après l’El Paso Times du 14 février 1932. Cela faisait 1 km 600 parcourut en 9 minutes. Les Zunis ont une course appelée « kicked sticks ». Dans cette course, les participants doivent donner des coups de pieds dans des bâtons placés devant eux pendant qu’ils courent. Le Docteur F. W. Hodge m’a dit qu’il y avait un record de 32 km faits en 2 heures par un des concurrents. Le postier Tarahumare court 112 km par jour, chaque jour de la semaine, en transportant un lourd sac de lettres, et il ne sait pas qu’il accomplit un exploit. De plus, on nous a dit : Un postier Tarahumare depuis Chihuahua jusqu’à Batopiles, au Mexique, court régulièrement sur plus de 800 km par semaine. Un messager Hopi s’est fait connaître pour avoir parcourut 192 km en 15 heures. »

Si notre marche moderne est mal adaptée, alors tout prend sens, nous pouvons voir que ces exploits ne sont pas surhumains, mais au contraire tout à fait humains, et c’est nous, humains domestiqués, qui avons régressé. Et pourquoi pas ? Après tout, l’homo sapiens a été aussi bien adapté à la bipédie que le requin à la chasse sous-marine.

L’anthropologiste Frederick Wood-Jones précise : « le pied de l’homme est seulement le sien, et diffère de tous les autres. C’est la partie la plus distinctive de toute son anatomie. C’est une spécialisation humaine, sa pièce d’identité, et tant que l’homme était un homme, c’est avec ces empruntes qu’il pouvait être reconnu par les autres créatures du royaume animal. Ce sont ces pieds qui lui confère sa seule véritable distinction et lui profère le droit de se prétendre humain. ». Donald C Johanson, paléoanthropologiste et chef de l’institut des Origines Humaines à Berkeley, en Californie, ajoute : « La bipédie est ce qui a fait de nous des humains. ». Par conséquent, l’homme se tient debout tout seul, parce que seul l’homme se tient debout.

Les chevaux et les chiens battent facilement les humains en sprint, mais sur de longues distances, les humains dominent en tant que coureurs d’endurance, étant donné qu’ils gardent leur rythme longtemps après que les animaux plus rapides se sont arrêtés. Beaucoup de chasseurs-cueilleurs, en particulier avant les atlatls, les arcs ou les frondes, tuaient leurs proies en courant après jusqu’à ce qu’elles soient épuisées. La clef pour accomplir un tel exploit est de marcher correctement, de la manière dont l’évolution nous a fait marcher. Cela signifie qu’il faut marcher pieds nus. Il est pratiquement impossible de marcher correctement dans des chaussures, et lorsque nous marchons pieds nus, la plupart d’entre nous commençons peu à peu à marcher comme il le faut. Il est certainement possible de marcher correctement dans des chaussures, mais certains ont comparé cet exploit au fait d’apprendre à parler à un sourd, étant donné qu’il nous manque la réponse tactile des nerfs du pied. L’effet physiologique des chaussures est similaire à celui d’un plâtre.

Les chaussures agissent comme des plâtres, comprimant les os du pied d’une telle façon, qu’ils ne peuvent pas bouger avec fluidité. Steven Robbins [ MD et professeur adjoint d’ingénierie mécanique à l’université Concordia de Montréal ] nous explique : « le pied devient passif à force de porter des chaussures, et perd la capacité de se supporter lui-même ».

Un autre docteur décrit sa propre révélation concernant les effets que les chaussures ont sur le pied :

Enfin, je commençais à comprendre la cause des pieds plats et l’origine des problèmes de pied. Avec les orteils continuellement pressés les uns contre les autres dans les chaussures, le corps devait improviser une manière de se supporter. Au lieu de prendre appui sur les orteils, comprimés et fragilisés, le côté intérieur du pied était tourné vers l’extérieur pour maintenir l’équilibre. Je réalisais pourquoi les gens se tenaient continuellement sur l’arc intérieur du pied qui n’avait jamais été fait pour supporter une pression continuelle, et pourquoi ils devaient douloureusement prendre appuie sur leur arc et non sur leurs orteils à la fin de chaque pas.

Le fait de se déplacer pieds nus avait rendu la partie avant du pied d’un enfant plus large et plus puissante. Quand il se tenait debout, ses orteils plus puissants étaient désormais capables de se déployer, lui offrant une large surface sur laquelle il pouvait porter son poids. Désormais, il utilisait ses orteils lorsqu’il se tenait debout, ou lorsqu’il marchait. Il se tenait même fréquemment sur ses orteils lorsqu’il jouait. Ses pieds plats étaient guéris. Avec des pieds mieux équilibrés, il tombait rarement. Il ne suppliait plus qu’on le porte et semblait infatigable pendant ses activités.

La marche, l’activité humaine la plus fondamentale, peut devenir une expérience isolante et douloureuse lorsque l’on est enfermé dans de tels plâtres. Chaque pas voit une jambe, genou bloqué, battre le sol et envoyer un choc dans le bas du dos. Le dualisme mythique du corps et de l’esprit nous mortifie à l’idée de l’effet qu’une telle douleur constante et omniprésente pourrait avoir. Nous sentons, et même pensons avec notre corps entier, et la pression constante ainsi que la douleur que provoque la marche de vache fini par s’insinuer dans nos habitudes, nos croyances, et notre look. Le « poète aux pieds nus » nous raconte comment ça lui est arrivé :

Mes pieds me faisaient mal, et cette douleur chronique devenait de plus en plus intense, faisant du simple fait de marcher une activité douloureuse. La douleur se répandit en un rien de temps de mes pieds jusqu’à mes genoux, puis jusqu’au bas de mon dos, puis enfin jusqu’à la nuque. Je marchais de moins en moins dans la forêt, manquant mes instants de détente. Malgré tout, j’utilisais davantage de chaussures spéciales, de consultations de podologue, de semelles, de soins homéopathiques, de chiropractie, et de soins par magnétisme…….toujours aucun soulagement.

Au même moment, une autre douleur grandissait au fond de moi. J’étais inconfortable, pas seulement avec la douleur de mes pieds, mais aussi dans la vie que je vivais. Je me sentais déconnecté, perdu, confus, ennuyé et frustré. J’avais l’impression que personne ne me comprenait. Peut être était-ce dut à moi ?

Quelque chose n’allait pas avec la vie, avec la manière dont je vivais, et c’était lié à la douleur de mes pieds. La douleur essayait de me dire quelque chose. Cette douleur me disait de regarder toute ma vie. Je savais que je devais écouter cette douleur.

Il continue, remarquant davantage de similarités entre les chaussures et les plâtres, et la pratique chinoise du « pliage de pied » la plupart du temps considérée comme barbare dans l’Ouest et pourtant si semblable aux chaussures à talon et autre instruments de torture basés sur les chaussures dans lesquels nous insérons le pied de la femme.

J’étais assis dans ma cabane, devant un feu, mes pieds dans leurs plâtres. Il y avait une pile de magasines National Geographic qui avaient été laissés ici par mon grand-père. J’en ai pris un et l’ai ouvert à la page sur les femmes chinoises qui avaient leurs pieds enveloppés à cause d’une histoire culturelle. J’ai observé les photos, et observé mes pieds, jusqu’à ce que je réalise tout, et que les mots sortent de ma bouche : « mais qu’est ce que j’ai fait ? ». Une question qui venait du plus profond de mon être. J’ai regardé toutes mes chaussures soigneusement alignées sous la fenêtre, et à celles qui enfermaient mes pieds.

Le lendemain matin, j’avais pris mon couteau de chasse, déchiré ces plâtres, et étais allé marcher dans l’ancienne forêt avec une paire de pieds blancs déformés et gonflés. Des pieds qui avaient été distordus et paralysés à force d’être dans des chaussures et de marcher sur des surfaces carrées et plates. Je me suis déplacé ainsi pendant plusieurs jours, confus, horrifié par ce que j’avais fait à mes pieds.

Je suis finalement arrivé près d’un bassin d’eau claire et ai regardé le reflet de mon corps. Des muscles puissants, et des pieds qui n’allaient pas avec. J’ai fait le vœu que tout redeviendrait normal. J’allai marcher pieds nus dans l’ancienne forêt et reforger mes pieds. J’étais au meilleur endroit du monde pour le faire. L’ancienne forêt sait comment forger les choses. J’ai fait mes premiers pas.

Il n’y a rien de mystique là dedans, n’importe quelle créature ayant constamment mal fini par développer une solution adaptée. Nous sommes coupés du sol même sur lequel on marche, coupés de nos propres sens et de l’expérience synesthésique d’une simple promenade.

Le fait d’être pieds nus vous rend plus conscient de votre environnement. Comme vos pieds ne sont pas protégés, vous êtes conscient de leur vulnérabilité, et faites donc attention aux endroits où vous marchez. De plus, vous avez à votre disposition un nouveau sens. En temps normal, nous voyons, nous entendons, et occasionnellement nous pouvons sentir les choses qui sont sur notre chemin ----- nous ne les sentons pas physiquement.

Quand je me souviens de ma promenade d’hier dans la maison de mon ami, je ne me rappelle pas seulement ce que j’avais vu ou entendu, mais aussi ce que j’avais senti.
La rugosité des graviers près de la mosquée, la pression des petites demi sphères du sol anti-glissade près des feux de trafic, la fraîcheur de la plaque d’égout.

Le « poète pieds nus » nous parle d’une expérience similaire en d’autres termes, contrastant les effets d’une marche de vache ridicule, et d’une marche de renard bienfaisante :

Essayez une petite expérience. Enlevez vos chaussures, bouchez vous les oreilles et déplacez vous dans l’espace que vous occupez. A présent essayez d’écouter le bruit sourd de votre corps. Si vous engagez la marche avec les talons, vous entendrez l’impact de votre pas. Vous marchez sur vos OS.

Maintenant, tenez vous debout les pieds joints, laissez vous tomber en avant et atterrissez sur la partie la plus large de votre pied, la partie avant. Essayez pour voir.
Ensuite, une fois encore, sans chaussures et avec les oreilles bouchées, déplacez vous sur le sol en engageant la marche avec l’avant de votre pied. Essayez d’entendre le bruit sourd de vos pas. Vous utilisez vos articulations. Le mouvement s’effectue sur vos muscles.

Il y a marcher sur les muscles, et marcher sur les os. Concentrez vous là-dessus, travaillez le, comprenez ces deux variétés de marches, continuez à lire et commencez à vous exercer à l’extérieur, sur les surfaces naturelles.

Lorsque vous marchez les talons d’abord, vous écrasez vos os. Quand vous marchez sur la partie avant du pied, vous utilisez vos muscles et vos articulations. J’appelle cette marche la marche intégrative et vous finirez par vous y habituer et l’intégrer en changeant la posture de votre corps.

Les personnes civilisées porteuses de chaussures ont remarqué une certaine « peur de l’homme » chez les autres animaux. Même les randonneurs expérimentés en déplacement dans des zones sauvages vont souvent se plaindre de ne pas avoir vu d’animaux sauvages.
Bien entendu, les autres animaux possèdent des sens aussi bien réglés que les nôtres, et les utilisent. Ils expérimentent le monde en utilisant tous leurs sens, et communiquent fréquemment entre eux. Les autres animaux réagissent aux cris d’alarme des oiseaux, et même les plantes vont se recroqueviller les unes sur les autres. La marche de vache ridicule des humains domestiqués est repérée aussi facilement que le nez au milieu du visage.
La déambulation maladroite non naturelle et le mouvement de « demi chute » sont aliens, terrifiants, et produisent des signes qui peuvent être perçus à des kilomètres à la ronde.
Les animaux s’enfuient, et se cache d’une telle aberration longtemps avant que le randonneur puisse les apercevoir. Cependant les mêmes personnes, marchant en renard, rapportent une expérience totalement différente.

Quand je marche en renard, les animaux sauvages ne sont pas très effrayés par ma présence, et on dirait parfois même que je suis invisible. En fait, les animaux apparaissent tout autour de moi, je n’ai pas besoin de les chercher. Les animaux domestiques, en revanche, tels que les chiens ou les vaches, sont alarmés et semblent sentir du danger quand vous marchez en renard alors qu’ils sont calmes quand vous marchez en vache. C’est presque comme s’ils pouvaient sentir l’animal sauvage qui est en vous.

Quand les humains marchent en renard, ils sont identifiables comme des animaux, étant donné qu’ils marchent comme des animaux. Les autres animaux sont capables de le reconnaître.
C’est là tout l’intérêt de la marche du renard pour les randonneurs et les chasseurs : c’est le premier élément d’une chasse réussie. En utilisant les terminaisons nerveuses du pied, la marche du renard permet au chasseur de regarder vers le haut, en utilisant une vision grand angle pour repérer le moindre mouvement. Il n’a plus besoin de regarder le sol devant lui pour s’assurer qu’il ne va pas marcher sur une tige sèche ou sur quelque chose de dangereux.
Ceci dit, même si vous ne chassez ou ne recherchez pas d’animaux, la marche du renard reste la façon normale de se déplacer, avec notamment d’importants bénéfices au niveau de la santé et du bien être en général.

Mais comme l’a dit George Orwell : « Dans des temps de déchéance universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire. ». Nous pouvons dire, par analogie avec la marche du renard, que dans des temps de pathologie universelle, marcher comme une personne saine attire énormément d’attention.
Nous avons déjà mentionné l’écriteau « pas de haut, pas de chaussures, pas de service » et l’engagement culturel pour combattre notre humanité impliqué dans ce slogan.

Saviez vous que marcher en renard dans une ville était une activité suspecte ?
Lundi, après les cours, j’étais tranquillement en train de marcher dans le petit parc d’un quartier de banlieue. Je me dirigeais lentement vers un rouge gorge sur ses gardes qui s’est immédiatement envolé. Alors que je reprenais ma marche, je remarquais, utilisant mon champ de vision périphérique en m’approchant de la route, qu’une voiture me suivait. Elle se mit à ma hauteur, et le conducteur brandi un badge et dit : « Police municipale de Chevy Chase »

« Qu’est ce que vous faites ? » Demanda t’il.
_ « Je marche » Lui répondis-je.
_ « C’est ce que je vois » Rétorqua t’il. « Qu’est ce que vous faites, vous travaillez dans la forêt ou quoi ? »
_ « Oui » Lui dis-je
_ « OK » dit-il « Je ne fais que vérifier »

Nous nous sommes dit au revoir, il est parti, et j’ai continué ma marche (de renard).
Alors faites attention collègues marcheurs, vos activités paraîtront un peu étranges aux yeux des autres.

Le « poète pieds nus » met en évidence l’hostilité au fait de marcher comme un humain normal alors qu’il décrit l’inquiétude que sa façon de marcher a laissé au sein de sa famille et de ses amis, en particulier un ami, qui l’indique franchement.

Un de ces amis inquiets, un homme religieux, se joignit à moi pour une promenade dans la forêt. Sur le chemin, il était dans ses botes, j’étais pieds nus. Il commença à me parler de son inquiétude. Il remarqua que je marchais « comme un animal » Oui dit-il « tu marches comme un animal » Je m’arrêtais.

Il continua sur sa lancée : « marcher sur les pattes est la manière dont marchent les animaux, c’est une marche sauvage, une marche primitive, hors nous ne sommes plus des animaux. Nous sommes des êtres extrêmement évolués. Nous sommes des êtres civilisés ! » Il marchait à mes côtés, amortissant avec ses talons, écrasant le chemin, marchant sur une peau de banane, écrasant les plantes. Plus il prêchait ses paroles et marchait, plus je remarquais la différence entre nos marches. Moins j’accordais de confiance en ce qu’il disait, pas en lui, mais en ce qu’il disait…..

Etait-ce aussi simple que ça ? En mettant mes pieds en contact avec la terre, en marchant de cette façon, je découvrais mon discours originel. Un discours que j’avais commencé alors que j’étais enfant, lorsque j’avais fait mes premiers pas.

Mes amis religieux, étudiants, et historiens étaient tous d’accord Bouddha et Jésus marchaient tous les deux pieds nus. Les hommes préhistoriques marchaient pieds nus. La plupart des enfants font leurs premiers pas pieds nus. En utilisant le dynamisme et l’agilité du pied pour se stabiliser et avancer, avec la plante du pied en premier. Est-ce que vous avez déjà vu un enfant engager la marche avec les talons ?

Quand Moïse s’est approché du buisson enflammé, il a dut enlever ses sandales, parce qu’il était sur un sol sacré. De la même manière, les temples Hindous et les mosquées demandent aux pèlerins d’enlever leurs chaussures. Nous avons une compréhension basique qui nous dit qu’il faut marcher sur les sols sacrés pieds nus. Pour les animistes, la planète entière est sacrée. La chaussure nous isole de ce qui nous nourrit, elle nous coupe du sol dans lequel nous sommes enracinés, et gonfle notre ego en nous faisant penser que nous sommes libres, ce qui en fait signifie pour nous que nous sommes isolés et déconnectés. Nous ne le sommes pas, nous sommes juste paralysés à l’intérieur de nos plâtres.

En même temps, c’est exaltant de se rappeler que notre humanité n’a jamais été aussi loin que ce qu’on croyait. Nous pensons, nous sentons, et nous vivons avec tout notre corps, et non seulement comme des cerveaux déconnectés, pour marcher sur des sols vivants, marcher pieds nus sur des sols sacrés, marcher tels que les humains ont évolué pour marcher. Nous sommes des créatures bipèdes construites par l’évolution de sorte que nous puissions marcher, et nous avons réussi à l’oublier. Cela peut être déprimant de réaliser que nous ne savons pas quelque chose d’aussi basique ; pourtant, un moment de réflexion peut nous aider, en nous rappelant que nous pouvons retrouver une grande partie de cette humanité rien qu’en apprenant à marcher.
C'est évidement un peu long mais j'ai apprécié... et expérimenté pendant 15 jours nue pied 99% de la journée, le bien être et la forme que ca procure, le soulagement des genoux etc. et je ne vous dis pas le malaise voir parfois la douleur après cette période quand j'ai dû enfiler de nouveau mes chaussures...

à méditer... à intégrer ;-)

bonne nuit, les renards...
:mrgreen:
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Aor
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Enregistré le : dim. 31 janv. 2010 12:25

Eh bé!

Heureusement que je me suis levé à 5h du mat pour parc houe rire cette prose.


C'est particulièrement vrai pour ces dames qui, comparativement , ont le plus de chaussures étroites, fermées, sujettes aux maux de diverses.

J'ai le souvenir d'une jeune fille qui marchait le plus souvent pieds nus et pratiquait cette démarche, sans soucis pour les roches et autres branchages qui lui caressaient la voûte plantaire. Indépendammant du travail osseux, le contact de la pulpe des des doigts et de la plante avec la nature du sol est des plus instructifs. Et avez vous déjà testé l'escalade dans un sol meuble en enfonçant les orteils dans la glaise ou la terre, les mettant en crochet et vous hissant dessus?

A privilégier le marcher pieds nus chez soi, dans l'appart ou dans le jardin.

A choisir aussi le type de chaussures. Certaines , de sport, très souples et fines , permettent de reproduire cette marche. D'autres basses quêtes doublées partout de coussins à mort tisseurs, empêchent toute sensation. Mais attention aux chocs très bien décrits si nous courons comme il ne faut pas. La marche du renard est une chose, la course en est une autre. Sommes nous faits pour la course? Regardons les adeptes de la marche rapide...
Ou alors courir sur la pointe des pieds uniquement, mais Achille sera notre souffre douleur.

G aussi expérimenté la marche du chamois dans les rochers, avec des grolles à semelle rigide interne de bois, mais dans lesquelles le pied peut glisser, s'arc-bouter. Les sensations sont différentes. Mais on peut aussi bénéficier d'une souplesse et d'un tactile incroyable. Très pratique pour les lapiaz.


Pour ma part, j'ai une très vieille paire de chaussures de trail de la marque aux 3 bandes, dans lesquelles le pied peut se poser complètement à plat, les orteils en éventail, avec de ces crampons en dessous et sur les côtés, comme on n'en fait plus. Et cheville libre.Avec, je peux arpenter , courir , danser dans les forêts elfiques.... C'st "le pied"!


Au fait, le dieu Pan n'est il pas représenté comme autres faunes avec des sabots?

A tester aussi la marche sur sentiers pentus avec une ondine sur soi...


Allez, je vous laisse aux massages et autres réflexologues plantaires!

Aor
אוֹר
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cernus
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Effectivement, marcher de cette manière connecte la terre avec beaucoup plus de puissance. Il y a plein d'échanges avec le sol par les pieds, au niveau physique mais également au niveau énergétique, et ça entame une sorte de conversation avec la terre. Très intéressant, dommage que nos pieds aient besoin de beaucoup de réadaptation après des années de pratique de la marche en chaussure. (au passage le plastique bloque l'accès à certaines énergies, et les chaussures coupent très fortement certains niveaux d'ancrage).

Juste un petit retour d'expérience de ma marche pied nu en foret (qui m'a coûté déjà de nombreuses échardes). :D
Dieu à le sens de l'humour se dit petit pingouin en se regardant dans un miroir .. non ! le sens de l'amour répliqua le miroir !
Un petit pingouin.
maori
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dans certains pays pauvres les personnes marchent pieds nus pour économiser leur chaussures ils sont naturellement reliés à leur terre mais il ne pensent pas à l'ancrage, c'est marrant - je l'ai fait plus facilement enfant qu'adulte pour ma part. les rares fois ou j'ai marché pieds nus ces derniers temps dans la terre humide et dans l'herbe mouillé c'était une sensation super agréable. mais je ne saisissais pas bien le bienfait réel pourtant
je garde de bons souvenirs de pieds nus aussi de marcher à fleur de l'eau le long de la plage avec le bruit des vagues et le vent qui décoiffe.. ca nettoie

b
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Jean-Pierre Martinez
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à un niveau purement électrique il y a une histoire d'échange d'ions négatifs avec les pieds dans l'herbe le matin (mesurable par la bioélectronique de Louis Claude Vincent par variation de Rh2).

à tester aussi au biochamp ;)

jean-pierre
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Lionel
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J'ai cru que tu allais nous parler de la marche du renard avant arrière.
:D

Très intéressant ce texte. Merci du partage.
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Taupezen
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Lionel a écrit :J'ai cru que tu allais nous parler de la marche du renard avant arrière.
:D
Pas si idiot comme idée ;-) De mémoire, JP ne démontrait il pas une marche Av/Ar pieds nus 8-)

En tout cas pour avoir pratiqué un retour à la marche nu pieds pendant 2 semaine, même après un si court laps de temps ce fut une pénitence de faire marche arrière :geek:

Alors libérons nous, devenons des renards, un autre esprit de la nature ^^ comme le Kitsune japonais...

Bonne soirée,
:mrgreen:
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