L’école des pingouins.

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cernus
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Petit pingouin n’aimait pas trop l’école. D’abord parce que, comme il passait son temps à écouter les histoires du silence, il était toujours dans la lune. Alors forcément il écoutait peu ce que disaient les professeurs. Pourtant les professeurs, qui voyaient bien que petit pingouin n’écoutait rien du tout étaient bien en mal de le prendre en faute.

Chaque fois qu’ils posaient une question à petit pingouin, il avait une réponse appropriée qui venait. Soit c’était la réponse à la question, soit c’était une réponse qui plaisait au professeur (en fait celle que le professeur voulait entendre). Petit pingouin trouvait ça normal puisque ça avait toujours été comme ça pour lui. Ca s’était même développé avec le temps, parce que quand le professeur en colère tirait petit pingouin d’un rêve en le faisant sursauter avec une question c’était très désagréable et ça lui faisait peur. Alors son esprit cherchait une réponse quelque part à toute vitesse et la ramenait immédiatement. Il était devenu très fort pour répondre correctement aux questions qu’il n’avait souvent même pas entendues et dont il ignorait tout de la réponse. Un apprentissage vraiment étrange.

Pendant les interrogations, alors qu’il n’avait jamais ni écouté le cours, ni travaillé (petit pingouin était disons le, très fainéant déjà à l’époque) il avait presque toujours une réponse qui venait pour les exercices et il finissait toujours bien classé. Du coup personne ne pouvait rien lui reprocher.

Un jour alors que petit pingouin avait 7 ou 8 ans il entendit le professeur pingouin qui savait tout sur tout, affirmer haut et fort une théorie quelconque. Et une part de lui réalisa qu’il affirmait exactement l’inverse de l’année d’avant avec le même aplomb et la même assurance. Il s’étonna de voir qu’il était le seul à s’en être rendu compte. A partir de ce moment petit pingouin réalisa que ce cas de figure se répétait pratiquement tout le temps.

Et il comprit ce qui était évident et que tout le monde faisait semblant de ne pas voir : en fait les savants pingouins ne savent rien du tout, ils se contentent d’affirmer. Pour les pingouins c’est assez simple, si suffisament de vieux pingouins qui ont l’air sérieux affirment quelque chose, alors ils le croient. Et tout marche comme ça. Mais pourquoi, alors que leur soi-disant science ne mène à rien, obtiennent ils des résultats ?

La réponse vint vers 12 ans, issue d’une histoire alors qu’il rêvassait. En fait c’est ce qu’on croit qui se réalise. Les théories sont des excuses que l’on invente après coup pour justifier le fait que l’événement qu’on voulait a eu lieu. Et si assez de gens y croient alors ça se reproduit dans les conditions que les gens croient. Donc toute la civilisation pingouin construite sur la science n’est qu’un mensonge : pire encore, à force de compliquer ils rendent les choses de plus en plus difficiles à réaliser pour eux. Et ils finissent par confondre la théorie qu’ils ont construite de toutes pièces avec la réalité qui est simplement que ce qu’ils ont voulu s’est produit. Donc ce qu’il faudrait c’est simplifier la théorie, voire la supprimer pour revenir à la réalité. La deuxième erreur c’est qu’ils croient leur corps impuissant et qu’ils cherchent toujours des solutions externes avec des machines pour le remplacer. Alors que s'ils le lui demandaient leur corps pourrait réaliser tout ce qu’ils veulent. Il suffirait de passer par l’intérieur plutôt que l’extérieur. Une pensée bien étrange mais que petit pingouin garda pour lui.

Car à force d’écouter le silence petit pingouin avait fini par se retirer complètement dans son monde à lui et à s’isoler. Or, à 12 ans il trouvait les petites femelles pingouins bien jolies. Et il entreprit donc de redescendre un peu sur terre. C’est peut-être la seule chose qui l’ait poussé à s’ancrer un peu dans la réalité et il avait tellement développé le haut et tellement peu développé le bas que réussir à retrouver la possibilité de parler à peu près et de communiquer presque normalement lui prit bien les 10 années suivantes. Il préféra tout mettre en sommeil et faire de son mieux pour devenir un pingouin acceptable.

Ce n’est que bien des années plus tard que petit pingouin comprit que cette théorie de simplification et de retour à la vraie nature des choses était ce qu’on appelle la spiritualité. Et qu’il n’était pas le seul a avoir des idées aussi étranges : car d’autres s’étaient déjà penchés sur la question.
Un petit pingouin
Un petit pingouin
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Dieu à le sens de l'humour se dit petit pingouin en se regardant dans un miroir .. non ! le sens de l'amour répliqua le miroir !
Un petit pingouin.
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Jean-Pierre Martinez
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le pauvre petit pingouin :lol:, j'adore ton histoire Cernus.

la carte n'est pas le territoire, la representation du monde n'est pas le monde...

jean-pierre
Jean-Pierre Martinez

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Jean-Pierre Martinez
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Popularisée par la série de romans de science-fiction Le cycle du Non-A de A.E Van Vogt, la Sémantique Générale ou « logique non-aristotélicienne » permet de revenir sur les postulats qui régissent la pensée humaine depuis qu’Aristote les a énoncés au IVème siècle avant Jésus-Christ. Selon Aristote :
- ce qui est est (ce qui est vrai, est vrai, ce qui est faux est faux). C’est le principe d’identité.
- rien ne peut à la fois être et ne pas être (ce qui est vrai ne peut pas être faux et inversement). C’est le principe de contradiction.
- tout doit être ou ne pas être (une proposition doit être vraie ou fausse). C’est le principe du tiers exclu.
Pour Alfred Korzybski, créateur de la Sémantique Générale, inspirée par les travaux d’Einstein et la physique quantique, trois considérations permettent de réviser ce système de pensée :
1 – « la carte n’est pas le territoire » : une carte « n’est » pas le territoire qu’elle représente, elle ne fait que le représenter. Le mot qui désigne une chose n’est pas cette chose. Je ne peux pas manger le mot « pomme »
2 – « une carte ne représente pas tout le territoire » : un mot ne résume pas tout ce qu’est une chose. Le mot « pomme » ne m’indique pas la forme de la pomme, sa couleur, si elle a un pédoncule, etc.
3 – « une carte est auto–réflexive » : elle donne aussi des renseignements sur elle-même. Le langage qu’on utilise parle aussi de lui-même. Il nous donne, par exemple, des indications sur celui qui l’utilise.
Dans le système aristotélicien, la pensée est dualiste, tout est vrai ou faux, bon ou mauvais, rien de ce qui est faux ne peut être vrai, ce qui est bon ne peut être mauvais, etc. C’est cette logique qui, depuis l’Antiquité, a structuré la pensée, le langage, les comportements humains donc l’évolution de la civilisation, la vision que l’Homme a de lui-même et du monde. Les découvertes scientifiques du XXème siècle ont montré que la vision aristotélicienne ne correspond pas à la réalité telle qu’elle se manifeste au travers de la relativité et de la mécanique quantique : on a démontré expérimentalement, donc scientifiquement, que l’espace ne peut être dissocié du temps, qu’un élément peut être dans deux états différents en même temps, dans deux endroits à la fois en même temps, et que la présence d’un observateur peut modifier la réalité observée. Une nouvelle façon de penser est donc nécessaire pour adapter l’homme à son environnement. C’est ce que propose la Sémantique Générale. Pourquoi vouloir changer notre façon de penser ?
- Parce que penser en termes de « bon » ou « mauvais », de « bien » ou « mal », de « vrai » ou « faux » ne peut qu’amener des divergences d’opinions basées sur des préjugés donc des conflits. Ce sont toujours les autres qui ont tort.
- Parce que confondre les mots et les faits (ou les choses) qu’ils décrivent ne peut qu’amener la confusion entre ce qu’est une chose indépendamment de nous et ce que nous pensons qu’elle est, entre ce qui se passe et ce que nous pensons qu’il se passe.
- Parce que créer des concepts abstraits comme le Bien, le Mal, le Parti, la Nation, l’Etat, etc, et leur donner une existence en dehors de l’Homme et au-dessus de lui amène à prendre des décisions qui, au lieu de tenir compte de la réalité, ne font référence qu’à des théories, des idéologies, des doctrines, des croyances sans tenir compte des gens et des évènements.
- Parce que croire que le monde est figé par les étiquettes qu’on donne aux choses nous rassure peut-être mais ne reflète pas la réalité, qui est en perpétuel mouvement et en perpétuelle évolution.
- Parce que croire que tous les choix se limitent à deux solutions : une bonne et une mauvaise ne correspond pas, de toute évidence, à ce que nous pouvons faire dans tous les domaines de notre existence et que cette limitation bride notre créativité et notre liberté d'action.
- Parce que discuter de ce qui est bien ou mal, vrai ou faux en ne proposant que des choix binaires n’oppose la plupart du temps que des convictions au lieu d’opposer des faits, en partant du principe que c’est l’autre qui a tort.
Ce ne sont là que quelques aspects de cette nécessité de changement, car la pensée aristotélicienne conditionne aussi notre vision de l’Homme, de la Famille et de la Société. Pour sortir de ce carcan mental, la Sémantique Générale propose une vision différente de l’Homme et du monde.
- L’Homme est un tout et il est inséparable de son environnement : le corps ne peut être séparé de l’esprit et ensemble ils interagissent avec le milieu.
- L’Homme est en constante évolution, chaque génération transmettant ses acquis à la suivante.
- Il utilise des symboles pour communiquer : mots, langage écrit, etc.
- Il a la possibilité de dépasser le temps pour tisser des liens avec le passé, relier sa pensée à celle d’autres hommes qui ont vécu bien avant lui.
- Il a conscience de sa propre mort, donc de la finitude et du temps qui passe.
- Il peut faire des choix en anticipant les conséquences de ses actes. Il est responsable.
- Il a la possibilité de court-circuiter ses réactions émotionnelles par le raisonnement avant de réagir.
Pour son créateur, la Sémantique Générale est ainsi qualifiée parce qu’elle trouve des applications dans tous les domaines de l’activité humaine. Elle permet de faire émerger des solutions nouvelles à tous les problèmes parce qu’elle propose une vision globale et harmonieuse de l’Homme et du Monde, correspondant à son niveau d’évolution scientifique. C’est en cela qu’elle offre une alternative historique à la logique aristotélicienne et à ses implications.
source : http://semantique-generale.over-blog.com/
Jean-Pierre Martinez

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Si quelqu'un veut "Science and Sanity" le principal livre de Korzybski (en anglais), je l'ai et veux bien le prêter, donner . ça date de mon époque Van Vogt (dont je dois également avoir la quasi totalité des bouquins). Mon prof de grec de seconde nous en lisait des nouvelles en cours.
François Münch
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